Nour Beetch

P*te genderf*ck, performeur dragqueer, sorcière porn, auteurice transfeministe et plasticien.ne du cul, Nour Beetch (iel/they) tente de confronter les spectateur.ices à la violence du monde à travers des formes performatives hybrides subversives et fugitives. Iel met en scène des subjectivités politiques mêlant actions, réflexions et sensations.

De sa puissance infernale à son empathie radicale, Nour privilégie l’intimité et la transcendance, le collectif et la jouissance, la transmissions d’émotions et l’eco-sexe. Entre matière et corps, mouvements et mots, iel glisse peu à peu des arts visuels aux mouvements sensuels, de façon intense et insoupçonnée, alliant travail du sexe, identités cyborgs, anarchie relationnelle et sexualités mutantes.

Iel fait partie de l’équipe du SNAP festival, un évènement dédié à la représentation de l’art pute et co-fonde un studio post-porn, PORN FREAKS CLUB, avec son acolyte killer Nicky Lapierre. Leur duo HIRO, en transmutation permanente, est un voyage incandescent autour des représentations queers, des senxualités comme art de vivre et de leurs multiverses enervés. Leur 2 premiers films régalent vos pupilles dans divers festivals internationaux, de Rome à San Francisco, en passent par Varsovie ou Londres.

Observateurice des idéologies, militant.e turbulent.e, guerrièr.e brulant.e, Nour dérange, mélange, questionne, transcende sa monstruosité et répond au désir, avec un corps multidisciplinaire et une spiritualité effervescente.

Qu'est-ce qui inspire votre travail ?

“L’obscénité et ses multiples couches, les imaginaires déviants, les récits sensibles, l’intimité, la censure, la mise en scène et les fantasmes. La critique de l’hypersexualisation et sa réappropritation sont source d’inspiration, les sexualités mininorisées, le queer and sex worker gaze. And sex!”

Qu'est-ce qui vous pousse à créer ?

“Parler de la honte et d’humiliation avec poésie, de fierté et d’obstination avec radicalité, d’embrasser nos monstruosités, visibiliser la variété des vécus minorisés, provoquer avec humour et incandescence. Le militantisme est l’essence de ma création , l’invisibilisation de nos vécus et la silenciation des sex worker génèrent énormeménrt d’émotions en moi qui sont moteur pour mon travail. C’est ensuite important de transmettre ses émotions, pousser à l’action, à la confrontation.”

Qu'est-ce qui vous parle dans la performance ?

“Ce que je préfère c’est travailler en collectif : fusionner les énergies, se métamorphoser ensemble, se transcender à plusieurs, c’est magique comme moment. J’adore écrire seul.e mais la scène c’est un espace que je trouve plus intéressant à partager avec d’autres, je vais plus loin et ça me de donne de la force.”

Comment y avez-vous fait vos débuts ? Y a-t-il des thèmes/problèmes récurrents que vous aimez aborder dans votre travail ?

“Mes débuts étaient surtout des performances militantes en collectif et de manière anonyme dans l’espace public. Ça partait forcément d’une urgence, d’un besoin vital, de colère et d’indignation. J’aime incarner la déviance, confronter aux désirs queer et extérioriser mes émotions pour ensuite les transmettre. Je parle de mon vécu, des tabous, de vulgarité, de comment je me suis émancipé via la sexualité et le sex work. Des identités plurielles, de la matérialisation de ces fluidités, de non-binarité. D’hybridations des corps, d'identités cyborg et d’elfes des bois. Je me tourne plutôt vers des show érotique en ce moment, mais toujours avec poésie et politique.”

De quelles manières essayez-vous de transmettre ces thèmes à votre public ?

“Je joue énormément avec les images et la vidéo, le documentaire, le désir et la provocation. J’aime abordé le trash, le cru, tout ce qui est kinky avec tendresse et radicalité. Parler de la violence avec réparation et de la colère avec douceur.”

Aviez-vous des modèles queer ? Si oui, qui ?

“Annie Sprinkle, Wendy Delorme, Rebecca Chaillon, Cosey Fani tutti, Marianne Chargois.”

Credits: Nicky Lapierre, Laetitia Bica